On parle beaucoup de stress et finalement, peu d’anxiété. Quelle est réellement la différence et pourquoi on en parle si peu ?
L’anxiété : un état fréquent mal compris
Pour faire simple, le stress est une réaction face à un évènement, un stimulus : il y a une relation de cause à effet.
Quant à l’anxiété, il s’agit d’un état plus sournois du système nerveux : une sensation de danger constante, une anticipation négative constante, des vagues émotionnelles intenses… Le monde n’est pas un endroit sûr – c’est le message qui tourne en boucle dans le cas de l’anxiété, sans qu’un élément en particulier soit déclencheur.
Souvent silencieuse, souvent minimisée « bah arrête de stresser ça va ! », les chiffres parlent de 15% des adultes français qui auraient vécu de l’anxiété au cours les 12 derniers mois, vu tous les échanges que j’ai chaque semaine, chaque mois : je doute que ces chiffres soient représentatifs de la réalité… Qu’en penses-tu ?
L’identifier quand elle n’est pas consciente
Le challenge, en tant que masseuse, est d’identifier cette anxiété quand la personne n’en a pas conscience. On sait que le massage est un formidable anti-stress mais, quand il s’agit d’accompagner l’anxiété par le massage, l’approche doit être adaptée.

Ton rôle est d’être à l’écoute, d’observer, de faire preuve d’intuition.
Avant même le début du soin, tu vas observer les gestes, les mots utilisés, la cohérence entre les gestes et la parole. Puis quand tu poses tes mains pour le soin, garde une posture d’écoute : où sont les tensions, comment est la digestion, observe la respiration, le corps est-il fatigué, le lâcher-prise est-il difficile…
Le toucher pour apaiser le système nerveux
L’anxiété est un état d’hypervigilance où le système nerveux n’est jamais au repos. Le massage a de nombreuses vertus, notamment celui d’apaiser le système nerveux en activant le système nerveux parasympathique (état de repos et de régénération).
Pour que les clients qui souffrent d’anxiété l’expérimentent, il y a plusieurs règles à suivre :
- Créer un cadre hyper sécurisant : demander validation à la personne, proposer des coussins, diffuser des huiles essentielles aux odeurs familières, rassurantes.
- Autoriser la personne à bouger : si elle ressent une certaine agitation, elle peut ressentir le besoin de bouger, or, pendant un massage, on n’ose pas forcément – rappelle-lui d’être à l’écoute de ses sensations et d’apporter du mouvement si nécessaire.
- Proposer une pratique d’ancrage : avant et/ou après le soin, prenez vraiment le temps que la personne puisse se déposer, s’ancrer et emporter les bienfaits du soin avec elle.
- Adapter son massage pour que le toucher permette la reconnexion à son corps : souvent l’anxiété coupe des sensations, il faut ancrer l’esprit dans le corps par un toucher doux, bienveillant, enveloppant, lent…
- Ancrer le massage comme un rituel de bien-être mensuel : à la différence d’un stress ponctuel causé par un examen par exemple, l’anxiété nécessite un accompagnement sur du moyen-long terme. Le fait de prendre soin de soi peut même réveiller certaines parts de soi qui n’en ont pas l’habitude – c’est normal et c’est important de le mentionner pour accompagner tes clients sur leur chemin de guérison.
Ta posture de praticienne
Je dis toujours que la séance commence bien avant le toucher, c’est encore plus important d’ancrer ça dans l’accompagnement d’une personne anxieuse. Tu dois absolument te renseigner sur le fonctionnement du système nerveux (je te recommande le podcast de Camille Tomat qui rend toute cette connaissance hyper accessible) pour comprendre et adapter ta posture.
Bien sûr, cela passe par :
- L’écoute, le non-jugement, la présence,
- Beaucoup de douceur, dans la voix, dans les mots, dans les gestes,
- De la patience, de l’empathie, de la bienveillance,
- Une grande capacité à accueillir les émotions, comme un cadeau, sans chercher à les résoudre.
La qualité de ta présence est un outil thérapeutique en soi. Tu n’as pas besoin d’être psychologue pour accompagner l’anxiété par le massage. C’est une autre approche qui vient en complément.

Quelques outils à intégrer en séance
Pendant la séance, afin de soutenir le relâchement du corps et de l’esprit, tu peux intégrer des outils complémentaires qui s’inscrivent dans le cadre d’une approche holistique pour accompagner l’anxiété.
- Respiration guidée,
- Pratique de décharge si émotions qui ont besoin de circuler,
- Inhalation d’une huile essentielle qui favorise l’ancrage et le calme intérieur,
- Massage de points réflexes au niveau des pieds ou des mains,
- Un soin particulier aux zones énergétiques comme les chakras par exemple.
Prolonger les bienfaits du massage
Le but du massage dans l’accompagnement de l’anxiété, c’est de sentir des résultats. Ils peuvent être légers et petit à petit, une progression se fera sentir. A condition d’accompagner ton client à ressentir les effets au-delà du soin.
Les rituels proposés ci-dessus peuvent faire l’objet de rituels à intégrer au quotidien pour tes clients. C’est ton rôle de les conseiller ou de les rediriger vers un praticien qui pourra les accompagner au-delà de la séance, si tu ne peux pas encore le faire.
Une chose très simple que tu peux mettre en place déjà, c’est d’envoyer un message pour prendre des nouvelles entre les séances. C’est vraiment pas grand-chose et ça fait toujours plaisir !
Accompagner l’anxiété sans la porter
En tant que masseuse, avec une approche holistique pour accompagner l’anxiété : tu dois te protéger. Tu es en droit (en devoir même) de poser tes limites : verbalement, énergétiquement, peu importe. Tu n’as aucun devoir de résolution pour chaque personne qui vient te voir et tu dois te préserver.
Garde en tête que tu es là pour accompagner mais tu ne peux faire le travail à leur place. Je t’invite vraiment à intégrer une pratique d’ancrage, un rituel pour te protéger, pour te libérer de ce qui ne t’appartient pas, si ce n’est pas encore le cas.
Ta santé et ton bien-être sont importants ! Sans eux, tu ne peux pas prendre soin des autres.
Et je parle en connaissance de cause : j’ai moi-même voulu accompagner des personnes avec des problématiques très ancrées, sans poser mes limites. Et je me suis retrouvée à être fatiguée et à porter le poids de ce qui ne m’appartenait pas.
Je suis ravie de mettre tout ce que j’ai appris à ton service aujourd’hui pour que tu puisses accompagner les personnes qui souffrent d’anxiété sur leur chemin de guérison.
Quelle est la chose que tu retiens de cet article ?